« Du gamin des îles au surfeur professionnel qui fait le tour du monde pour surfer contre ses idoles ».
C’est un des surfeurs français des plus performants de sa génération ! Spécialiste des tubes et des grosses vagues, il a été repéré et sponsorisé par Quiksilver dès l’âge de 9 ans, lors d’une compétition à Cap Breton (il n’y avait pas encore de réseaux sociaux à ce moment). Il a quitté sa famille pour venir s’installer dans les Landes 6 mois de l’année et en Australie le reste du temps et a finalement été 16 ans sur le circuit mondial !
C’est un modèle pour tous les sportifs confondus de par les sacrifices qu’il a pu faire et le mental qu’il a pu avoir pour sortir des périodes creuses. La semaine dernière, il partageait son expérience avec les skieurs du comité Mont Blanc ! (voir l’article : Le comité de ski du Mont Blanc est venu défier les vagues de Vieux Boucau !)
Les jeunes ont pu lui poser toutes leurs questions sur son expérience et lui demander des conseils pour vivre au mieux la carrière professionnelle qu’ils espèrent mener dans le futur.
Il déménage donc à l’âge de 9 ans de la Réunion et quitte sa famille pour s’installer dans une famille d’accueil. Il avoue avoir eu la chance d’avoir des parents qui l’ont soutenu à 100% et qui étaient plutôt souples concernant la scolarité pour qu’il puisse mettre toutes les chances de son côté pour le surf. Un prof particulier lui a alors été mis à disposition dès l’âge de 9 ans et il n’est plus jamais retourné à l’école. À l’époque, c’était un des premiers surfeurs à suivre des cours par correspondance pour vivre sa passion pleinement. Cela engage alors une pression très forte pour un enfant. Il explique que beaucoup de gens comptaient sur lui à commencer par ses parents qui faisaient de nombreux sacrifices pour lui permettre de donner le meilleur de lui-même.
Jeremy raconte qu’il est très difficile d’arriver jeune dans le monde du sport professionnel. D’autant plus en France, c’est compliqué de concurrencer les autres nations, c’est encore un « petit sport » si on compare au Brésil ou à l’Australie par exemple. Il avait seulement 17 ans quand il est entré sur le Tour Mondial. Il avoue avoir été très impressionné de surfer contre ses idoles, mais ne laissait rien paraitre ! Il était déterminé et ne voulait pas montrer ses faiblesses. Il nous confie avoir réussi à relâcher la pression après sa victoire au Pipe Master à Hawaï devant toutes les légendes. Il a alors pu se dire « Je n’ai pas fait tout ça pour rien ».
Ses modèles l’ont porté ! Kelly Slater l’a pris sous son aile et l’a accompagné dans ses débuts de surfeur professionnel. Fasciné par cet homme, il nous explique que sa longévité n’est pas magique. Kelly Slater a toujours été en avance ! Si aujourd’hui le véganisme et le Gluten free sont des pratiques qui émergent, la légende du surf les avait déjà adoptées il y a 20 ans ! Sa réussite s’explique par une hygiène de vie irréprochable et énormément de travail.
Un autre de ses idoles se nomme Andy Irons : un style bien différent mais un personnage a qui Jeremy a pu s’identifier étant plus jeune. Sa capacité à sortir des mauvaises passes l’a toujours inspirée. Sur le circuit mondial pendant 16 ans, Jeremy a pu observer l’évolution dans le monde du surf qui est passé de très rock’n roll à un sport qui se professionnalise notamment après le décès d’Andy Irons d’une overdose. Aujourd’hui, un surfeur professionnel a une équipe complète à ses côtés composée d’un coach sportif, d’un préparateur physique, d’un nutritionniste, de professionnels de santé, d’un caméraman, etc.
C’est difficile pour un surfeur de gagner sa vie aujourd’hui, il faut être très bon. Les sponsors donnent moins qu’avant, et le surf est un sport qui coûte cher. Il est important par exemple de voyager pour exceller sur toutes les compétitions dans n’importe quelles conditions. En France par exemple, les jeunes sont dépendants des conditions. Il faut donc aller voir ailleurs.
Les skieurs très proches de la nature et soucieux de la conservation de leur montagne, ont demandé à Jeremy quelle relation il avait avec cet enjeu écologique. Le surfeur avoue beaucoup voyager, mais comme il l’a expliqué, c’est nécessaire pour rester compétitif. Selon lui, on peut tout de même se rattraper par d’autres actions. Il prend très à coeur son rôle de sensibilisation auprès de la communauté qu’il a acquise sur Instagram notamment. (267K d’abonnés).
Connu pour son caractère fort, Jeremy Flores raconte aux jeunes que c’est sa personnalité, et peut-être même sa force. Il avait besoin d’être critiqué pour exceller dans sa discipline. Il a besoin d’avoir à prouver qu’il en est capable quand personne n’y croit. Il passe tout de même un petit mot d’excuse à ses shapers qui ont vu leur travail brisé en deux sous le coup de l’énervement. Il avoue que parfois, c’était peut-être « too much ».
Le surf, c’est toute sa vie. Il ne fait que ça ! Alors parfois, c’est difficile, et il arrive d’en finir dégouté de son sport. Ça, les skieurs le comprennent bien. Eux aussi passent par ces moments de doute ou de fatigue physique extrême. Mais Jeremy les rassure, ça arrive à tous les sportifs de haut niveau, il faut simplement se rappeler de tous les sacrifices que l’on a fait pour y parvenir et les objectifs à atteindre pour la suite. Mais aimer la douleur fait partie intégrante d’un bon sportif, il faut travailler dur pour arriver au top car « le talent ne suffit pas ».
Captivés par le discours du surfeur, les skieurs lui ont demandé le meilleur souvenir de sa carrière professionnelle. Jeremy répond sans hésiter sa victoire en 2019 en France. C’était une compétition difficile pour lui. Beaucoup de pression de surfer devant le public français ou pas assez, une chose est sûr, il n’y arrivait pas. Sauf ce jour-la !
Jeremy Flores a mis fin à sa carrière professionnelle juste après son retour des JO de Tokyo, à 33 ans. Souffrant de nombreuses blessures aux chevilles et aux genoux, il a décidé de « sortir par la grande porte ». Aujourd’hui, l’ancien champion de surf a plusieurs projets. Il souhaite avant tout transmettre sa passion et aider les jeunes à donner le meilleur d’eux même. Il a ainsi pu accompagner les jeunes de l’équipe de France sur leur préparation pour les qualifications aux JO 2024.
Le surf n’est un sport olympique que depuis les JO de Tokyo en 2020. C’était une fierté pour lui de représenter la France sur une compétition internationale aussi prestigieuse même si l’arrivée du surf aux Jeux Olympiques n’a pas fait l’unanimité. Comme pour le skateboard, certains estiment que ce n’est pas la place du surf.
Son dernier conseil aux jeunes c’est de se donner à fond, de travailler dur. La vie de sportif professionnel en vaut la peine. Et si, une carrière professionnelle ne se présente finalement pas, rien ne sera perdu ! Le sport apporte beaucoup de bien au niveau de la santé et du mental, ça permet de devenir une meilleure personne.